Octobre 2017 : « Les ’pois chiches’ et les enjeux de la catéchèse »

11 octobre 2017

Le christianisme est un art de vivre et cela ne s’apprend pas dans un bouquin mais en vivant. Par osmose. Les pois chiches si tu essayes de les mettre au feu telles quelles, tu feras toujours une soupe impossible à digérer. C’est très différent si tu les trempes un bon moment... cela s’appelle osmose. L’art de vivre en chrétien s’apprend par osmose.

La catéchèse n’est pas un moment ‘exprès’ pour faire un chrétien du petit bonhomme que Dieu me confie, mais elle fait partie du «  bicarbonate  » qui permet que l’osmose se fasse plus rapide. Cette osmose implique que l’enfant soit trempé tout le temps dans l’eau du baptême, dans l’oxygène de la vie chrétienne... Les parents, l’école, les amis, les films, les jeux, les projets, les réseaux ... les bandes dessinées, les comics, le théâtre, la musique, le sport, tout ce qu’il fait son «  monde  » devrait être chrétien.

Les enfants ont un sixième sens qui les rattache au divin. Ils sont très sensibles. Quand ils découvrent ce qui a une vraie valeur, ils commencent à adhérer imperceptiblement : foi, vérité, charité, espérance. Un enfant ainsi entouré acquiert un socle intérieur tellement fort qui dure toujours. Des enfants qui apprendront l´amitié avec Jésus, la prière quotidienne, un coin de prière dans la maison, sanctifier les fêtes, lire la bible en famille (Israël), le judaïsme c’est maintenu grâce à cela, ils risquent de se former sans crainte. Par osmose.

Cela est le principe du «  Patronage  ». C’est le lieu privilégié ou les enfants peuvent vivre l’osmose  ! Il faut des parents chrétiens qui voudraient nourrir la réflexion et s’y engager. Peut-être avec des formules adaptées pour aujourd’hui. Théâtre. Films de dessins animés ... etc. Culture chrétienne  ! Procession de la fête Dieu le jour des 1res communions  ! Aller à la messe, faire un coin de prière  ! Les enfants adorateurs, l’école catholique ou il y a «  Ose la vie  » et «  Ose la foi  ». Tout peut concourir pour créer le vivier d’une vie sereinement croyante. Avec cela il faut aussi des «  parents formés pour avoir des ressources conscientes pour les enjeux  » (école de parents).

Des parents formés dans la théologie, pour vivre les raisons de l’évangile avec un esprit critique, lucide, non comme un ghetto. Des familles formées, des personnes éveillées et capables de discuter avec des raisons solides, d’échanger respectueusement dans notre société. Des jeunes passionnés par l’art, le patrimoine vivant et l’histoire de notre ville. Combien les pierres et les œuvres d’art peuvent orienter vers les origines chrétiennes, et peuvent peupler le cœur des enfants des racines qui leur donnent des ailes.

L’accueil de migrants dans la maison. Combien d témoignages nous avons dans la paroisse du bien qu’on reçut les enfants quand ils ont accueilli à la maison un homme ou uns famille venue d’ailleurs. La relation intelligente avec la différence, non pour l’amalgame, mais pour apprendre le respect de l’autre, permet l’affirmation assurée de la pertinence des propres valeurs. Et donne les atouts pour pouvoir être des interlocuteurs crédibles et des évangélisateurs.

Évidemment il faut voir la pertinence, de cette osmose. Seulement s’il y a des parents qui comprennent l’enjeu alors... On pourra offrir à nos enfants une culture libératrice, un dépassement du pessimisme anthropologique, une liberté d’esprit critique et lucide. Des cœurs qui sont fondés et non menacés et pleins de peur. Voilà l’esprit qui anime toutes les activités de la paroisse. Parcours Zachée, Parcours Alpha, Ecole de la Mission Saint Paul, S Agricol patrimoine Vivant, etc. Tout au service de l’osmose. Il faut reconnaitre que c’est une entreprise de longue haleine. Mais si on ne commence pas… les pois chiches resteront non digérables.

Comment commencer  ? Évidemment s’il y a des parents qui savent ce que font les enfants dans la catéchèse ils peuvent faire que l’osmose commence à se faire. Sinon c’est comme si on mettait le bicarbonate sans eau. Les pois chiches ne changeront en rien  !! Le bicarbonate de la catéchèse il faut l’introduire dans l’eau d’une vie baignée de climat chrétien. De même s’il y a des parents qui mènent les enfants à la messe et qu’ils se découvrent protagonistes dans l’évangile adapté à eux et dans la procession des offrandes alors on facilite l’osmose. Quand ils se savent au service de l’autel ou elles sont servantes de l’assemblée, alors on facilite l’osmose.

Évidemment nos enfants ne sont pas de pois chiches. Ils sont infiniment plus  ! Heureusement  ! Mais justement il faudrait faciliter l’osmose beaucoup plus consciemment qu’avec les pois chiches.

Notre amour pour eux mérite une prise au sérieux beaucoup plus profonde pour que l’évangile fasse d’eux des hommes et des femmes nouveaux qui soient des vrais remparts contre la culture malade qui nous habite. N’attendons pas que la culture actuelle le fasse. Et quand ils vivront dans la dépression ne disons pas «  que nous l’avons pas vu venir  ».

Ce n´est pas en les laissant submergés toute la journée dans le liquide pollué de la culture consumériste et hédoniste qu’ils vont avoir de réflexes évangéliques et une capacité virile de dépasser les épreuves, ce n’est pas en leur montrant aux enfants un «  conte de fées chrétiennes   » (Il était une fois en Israël…), sans aucune relation avec le reste de la vie, qu’ils jouiront de la santé que l’évangile veut les offrir.

Un couple espagnol que j’avais connu à Valencia, (directeur d’une banque) dans un chemin de conversion évangélique ils ont fait l’option de quitter l’Espagne pour travailler dans la formation des paysans du Venezuela dans l’Etat du Táchira (où j’étais ordonné prêtre). Ils étaient animés dans un esprit de donner à leurs enfants des visualités de l’évangile qui imprégnaient leurs vies. Quand les amis de leur milieu sociale les interrogeaient «  Que vous soyez fous, c’est votre affaire, mais quelle faute ont commis vos enfants pour leur obliger à une chose pareille  ?   » Ils répondaient «  Et quelle faute ont commis les vôtres pour les laisser dans ce climat pollué ou l’évangile ne peut rien pénétrer  ?  ».

Ce dialogue est resté imprégné dans ma rétine. Je suis convaincu que ce n’est pas nécessaire de changer de lieu et partir dans les Andes. Mais la question d’offrir une eau pure à nos enfants pour qu’ils soient trempés d’évangile est radicalement nécessaire. Quelle faute ont commis nos enfants pour les obliger à mourir dans l’âme sans leur offrir l’osmose nécessaire pour respirer l’Amour de Dieu  ? C’est un Patronage  ? A réfléchir… mais sans trop tarder.

P. Paco Esplugues