Juin 2016

1er juin 2016

« LA SPIRITUALITE DU PELERIN »

La fin de l’année scolaire est presque arrivée et les vacances approchent. Nous commençons à nous organiser pour ce temps de repos, temps propice pour « oxygéner » notre esprit. Si nous concevons ce temps comme une évasion, nous restons dans le circuit fermé de la mentalité consumériste qui asphyxie l’âme. Alors les vacances déplacent les problèmes mais ceux-ci reviennent quelques jours plus tard parfois avec plus de force. Mais combien est-ce différent quand on devient pèlerins… Le pèlerinage est une merveille qui renouvelle notre esprit.

Bien sûr il y a un vrai repos qui s’installe, du fait du changement, de la marche, du contact gratuit avec les compagnons de route, la visite des lieux historiques dans lesquels d’autres hommes et femmes se sont ressourcés. Mais le repos vient surtout du fait que nous entrons dans un chemin intérieur qui progressivement harmonise l’âme. C’est l’école des pèlerins qui remonte très loin…

Quand Abraham se met en marche il n’avait pas tout compris. Loin de là. Mais ce qui s’est passé en cours de route lui a donné tellement de clés pour vivre, qu’aujourd’hui nous marchons encore des milliers d’hommes dans le monde suite à ce qu’Abraham a découvert dans son pèlerinage. En allant vers une terre concrète, il a découvert que le meilleur se passait en route. Il n’était pas seul, sa marche était accompagnée par Quelqu’un qui en l’orientant vers une promesse lui permettait de creuser une confiance intérieur inébranlable. 

Trois pèlerinages se superposaient et se tissaient ensemble, un chemin vers Dieu, un chemin vers soi-même, un chemin vers l’autre. En allant vers la terre promise avec tous les inconvénients de la route on ne se faisait pas que des ampoules aux pieds mais les chemins intérieurs qui guérissent l’homme (tout homme) se mettaient en place.

Ces trois pèlerinages s’entrecroisent toujours dans le chemin de tout pèlerin qu’il le sache ou non. Parfois à la fin du pèlerinage, on ne sait pas vraiment dire ce qui s’est passé. Mais il y a toujours un fruit d’unification de soi qui vient précisément de la merveille intérieur de ses trois routes qui accompagnent les sentiers parcourus à pied ! Le fruit mûr du chemin c’est l’amour.

Dans son ouvrage « Le pèlerin de Compostelle » Paulo Coelho, le dit à sa manière. La vie est un pèlerinage continu et quand on vit le quotidien comme pèlerin on découvre la valeur de chaque instant, du moment présent comme une démarche pleine, qui rejoint le plus de nous-mêmes (où Dieu y est toujours présent) et qui permet de traiter l’autre dans sa valeur unique.

Il y a trois points essentiels qui dans la démarche du pèlerin se réalisent et qui facilitent la pacification intérieure :

  1. Le désert et la libération de ce qui m’encombre. Marcher est profondément appauvrissant.
  2. L’humilité de ne jamais croire qu’on est déjà arrivé. Nous ne sommes pas « nuls » si le jour suivant notre départ nous ne sommes pas encore arrivés.
  3. Le chemin de purification et les blessures est justement le lieu où l’on peut se découvrir accompagnés (Israël/Emmaus).

La promesse qui fait émerger la fidélité et la persévérance dans le chemin éveille le cœur à la joie du don de soi. La fin commence à être présente dès qu’on part. Partir pour chercher Dieu c’est trouver la vie.
Jésus, Marie, Jacques, Paul, François d’Assise, le pèlerin russe. Et tant d’autres nous précédent. Ils dégagent le grand art de faire de sa propre vie un pèlerinage.

Père Paco Esplugues, curé