Avril 2015

1er avril 2015


« Nous sommes menacés de résurrection ».

C’est aujourd’hui que ce mystère de l’amour du Seigneur rejoint nos vies d’hommes et de femmes, puisque le mystère de Pâques c’est la mort qui a été engloutie par la vie, expression un peu étrange mais qui dit la merveille de cette réalité. Le Christ est entré au plus profond de notre terre et de nos cœurs, il s’est englouti au plus profond de nos vies, non seulement pour purifier tout péché et le pessimisme qui en découle, mais pour nous éveiller à l’Amour, celui que nous désirons vraiment et dont nous portons les traces au plus profond de nos soifs, mais auquel nous ne pouvons aboutir par nous-mêmes.

Le Christ, en pénétrant au plus profond de nos histoires, nous donne la joie de pouvoir prendre part à cet amour tellement fort qui traverse la mort. Le Seigneur, en prenant sur lui toutes nos pauvretés, nous invite ce matin à reconnaître à quel point il s‘est engagé vraiment dans chacune de nos vies, par amour, et comment il a donné la sienne, totalement. Rien de ce qui est dans notre cœur ne peut empêcher que Son amour, en passant par tout ce que nous sommes, nous fasse participer de Sa vie éternelle. Mais cette merveille reste un peu masquée ; seuls des yeux un peu ouverts par l’Esprit peuvent la découvrir.

Ce matin, chacun de nous accompagne les disciples qui, après avoir entendu l’annonce de la résurrection, se rendent au tombeau. Pourquoi est-ce si beau ? Parce que même si objectivement le Seigneur s’est uni à chacun de nous en une seule et indivisible personne, réellement, chacun doit faire un chemin personnel pour transformer ce qui existe « à l’état de trace » en véritable rencontre. Nous voyons que Marie-Madeleine, poussée par l’amour, se rend au tombeau, et trouve en arrivant une chose qui la concerne profondément : elle voit que la pierre est roulée ! C’est l’une des premières expériences du Ressuscité que nous pouvons faire dans notre vie, dans toutes ces recherches d’amour qui sont les nôtres (Marie Madeleine est une chercheuse d’amour) et qui lorsqu’elles n’aboutissent pas nous donnent l’impression d’être comme écrasés sous une pierre, sans aucun espoir : dans ces premières expériences, nous ne Le voyons pas encore, mais nous commençons à percevoir, au travers du témoignage des uns ou des autres, que la pierre est roulée.

Marie Madeleine découvre le matin de Pâques que la pierre est roulée, et voit le fruit de cet amour du Seigneur qui traverse tous les malentendus du cœur, bien qu’elle ne Le voit pas encore Lui. Elle va chercher les disciples, et chacun des deux disciples se dirigent vers la rencontre à laquelle nous sommes invités ce matin. Ils vont le faire selon une démarche qui leur est personnelle.

Il y a Pierre, ainsi que le disciple bien aimé ; et ils ne courent pas de la même manière. Pierre déjà pendant la Passion suivait le Seigneur de loin, et il traîne un peu pour aller au tombeau ; le disciple bien aimé, lui, court plus vite, ce qui est aussi très significatif, puisque que c’est notre amour qui donne des ailes à notre marche. Chacun allant à son rythme, les deux vont arriver ; mais une chose est certaine c’est que ceux qui sont restés assis, eux, n’auront rien découvert. Car le christianisme n’est pas une religion de gens qui restent assis sans bouger, autrement l’amour ne pourrait commencer à germer dans les cœurs. Le christianisme est formé de personnes qui vont, qui marchent, chacune à son rythme, et alors la découverte devient possible.

Les disciples se rendent donc au tombeau. Le disciple bien aimé, courant plus vite que Pierre, arrive le premier et voit ce que Marie-Madeleine lui a dit ; il n’entre pas, mais regarde par l’ouverture et voit un linceul. Ce matin, le Seigneur me disait à ce propos que chacun de nous porte en lui des traces de la Réalité, qui l’amènent plus loin ; le monde dans lequel nous vivons ne peut suffire à réjouir nos cœurs, et nous avons l’impression que s’il n’y a pas un petit peu plus, tout ce que nous vivons ne sert à rien.

Je finirai avec la phrase d’un théologien d’Amérique Latine qui disait « nous sommes menacés de résurrection ; lorsqu’une personne est capable de Le reconnaître, qu’elle voit le visage du Ressuscité, qu’elle vit la communion fraternelle fondée sur le Seigneur, elle devient signe pour ce monde. Car chaque fois que quelqu’un participe de la résurrection, il donne aux autres l’envie de continuer ». Dans cette démarche vers le Seigneur, donnons à nos familles, à notre société, à notre monde, l’envie de continuer.


P. Paco Esplugues, curé