Novembre 2019 : « Chronos et Kairos : Mariage indissoluble ? OUI ! Célibat des prêtres ? OUI ! »

10 novembre 2019

La proximité de la fête des saints et de la commémoration des morts est un temps propice pour appréhender le sens de notre histoire personnelle et collective grâce aux notions de CHRONOS et de KAIROS. Elles permettent la juste appréciation de ce qui est passager et de ce qui demeure ! Chronos est typique de la vision immédiate du temps. Kairos signifie que notre temps est traversé par l’action de Dieu, aussi bien dans la création (Dieu est à l’œuvre), que dans l’histoire humaine et nos histoires concrètes. Le temps chronologique nous laisse dans nos logiques humaines. Le Kairos, moment choisi par Dieu pour intervenir dans le temps humain pour l’accomplissement de son dessein, Dieu présent dans l’histoire, donne les énergies qui transforment les défaillances en tremplins Mais pour que les hommes puissent jouir de ces Kairos, il faut la liberté du consentement ! « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » dira saint Paul, en parlant de ce Kairos. Celui qui nous a créés sans nous, ne nous sauvera pas sans nous, disait également St Augustin.

Ce Kairos est l’exact contraire d’un spiritualisme désincarné. Tous les dynamismes du catholicisme en portent la marque. C’est le sens de la sacramentalité de l’Eglise (cf. Lumen Gentium 1). Cette sacramentalité est toujours supra logique et pour ceux qui n’ont pas la foi, illogique. Nous avons le réflexe continuel de rester dans nos logiques humaines. Le Chronos avec l’écoulement du temps, qui, dans sa fatalité, donne l’impression "qu’on va droit au mur », préside à notre lecture de la réalité. On se trompe !

Quand on regarde la planète on ne voit que la destruction systématique de nos ressources. Quand on regarde la famille on ne voit que l’impossible fidélité dans la durée, quand on voit les corruptions du clergé on ne voit que l’impossibilité du célibat. Quand on voit la violence de nos quartiers ou le terrorisme larvé qui pénètre tout, la logique de relativiser tout absolu (ou les couvrir d’un tapis avec le mantra de la laïcité) pour vivre la paix dans une fausse tolérance s’imposerait. Ce ne sont que les logiques du Chronos et malheureusement une erreur. Le Kairos, qui passe par notre consentement à Dieu au cœur de la réalité, nous introduit dans un vécu du temps présent nourri de Dieu. Le christianisme montre sa pertinence dans la durée. Le Kairos de Dieu traverse les cœurs et les divinise souvent dans le silence, hors du déferlement médiatique. Dans les valeurs de fond qui font émerger l’être qui n’est plus soumis à tous les vents !

Le mariage pour toujours, le célibat des prêtres, ne sont compréhensibles qu’au regard du Kairos. Roger Schultz fondateur de Taizé affirmait que le jour où le catholicisme abandonnerait le célibat des prêtres, il perdrait son essence. Il était habitué à reconnaître le Kairos de Dieu dans le temps.

Prions le Seigneur pour que l’Église catholique ne se laisse pas imprégner des logiques courtes du Chronos... Avec l’estimable désir de s’adapter aux temps modernes elle risque de perdre son âme ! Quelle mission aurait- elle alors dans le monde si elle ne s’adaptait qu’aux raisons de nos pessimismes sans les Kairos agissants de Dieu ?

P. Paco ESPLUGUES