Chercher un peu d’ombre en temps de canicule

16 août 2015

Par Marc HENRI-BAUDOT en collaboration avec Michou.

Forum 51 - 15 Août 2015.

« C’est de l’arbre de son âme que l’homme cueille le fruit de sa culture » Ibn Arabi La sagesse des prophètes

En ce mois de canicule ou chacun cherche un peu d’ombre, quelle meilleure figure que celle de l’arbre pour nous inviter à réfléchir, à prendre un peu de recul sur nous-mêmes.
Les textes bibliques y font de nombreuses références :

« Heureux est l’homme qui met en Yhwh son espérance,
Il ressemble à un arbre planté au bord de l’eau,
et qui tend ses racines vers le courant,
Il ne redoute rien quand la chaleur arrive,
Son feuillage reste vert,
Dans une année de sécheresse, il est sans inquiétude,
Et ne cesse de porter du fruit
. »
Jer. 17,7

L’homme (ou la femme !) est semblable à un arbre !
Celui-ci se nourrit de la terre et de la lumière. Par ses racines, il puise sa nourriture du sol où il est planté, par son tronc il s’élève à la verticale devenant à la fois structure forte et résistante, puis à travers ses branches souples et son feuillage et la sève qui y circule, transformation de la lumière qu’il reçoit du ciel.
Belle métaphore !…….Mais quelle ressemblance ?

Sur un trottoir de ville ou à la campagne, ils sont souvent nos voisins et devant notre maison, il y a un grand pin qui m’interpelle chaque matin ; Il a doublé de taille depuis 10 ans.
Par sa silhouette équilibrée, il allie force et légèreté de façon incroyable et le vent, ici le mistral, s’y connaît car il utilise cet instrument naturel pour une musique très spéciale, plus aigue qu’avec les chênes voisins.
L’arbre, premier compagnon de l’homme d’après la Genèse, était donc là avant nous, il a certainement encore des choses à me dire.

 »Yhwh planta un jardin d’éden, à l’Orient et il y mit l’homme qu’il avait modelé » Gen.1-8

Ce premier arbre aura toute une histoire, y compris avec la première femme, et j’ai bien le droit de l’interroger comme un frère et de l’écouter ! Quelles sont ses racines invisibles, par lesquelles il se tient debout, quelles que soient les bourrasques et le temps qui passe ?
Nous avons nous aussi, des racines cachées dans le terrain familial, social, spirituel dans lequel nous avons été plantés ? Sont-elles, comme pour lui, des ancrages, des sources ? Ou et comment vais-je chercher ce qui me nourrit et me fait grandir dans la forêt de mes relations, de mes amitiés, de mes actes ?

Quels sont les ramures que je déploie, en contrepoint indispensable de ma rigidité, qui me permettraient de recueillir puis de transformer en énergie ce qui me vient du ciel, de mon univers spirituel, de ce qui relève souvent de l’indicible ?

Quelle est ma photosynthèse personnelle, si je suis construit pour cela : recevoir et transmettre ?

« Car il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » Act.20.35

Suis-je capable de procurer un tant soit peu d’ombre à d’autres lorsque le soleil est trop fort ? Ou plus collectivement de créer un microclimat de fraîcheur tel le grand tilleul qui abrite un bon repas entre amis pendant ces jours d’été.

L’arbre me répond qu’il faut pour cela, un « climat » de bienveillance, de sécurité, ( 3 incendies cet été !), un espace dans lequel, à l’exemple des forêts naturelles et des jardins, chacun peut s’épanouir librement aux cotés et en relation avec d’autres, sans esprit de compétition. En effet, je n’ai vu dans ce pin, qui me domine largement, aucun esprit de supériorité !
Ne nous décourageons pas, les arbres ont plusieurs longueurs d’avance sur nous en matière de savoir-vivre, mais regardons- les, avec St Bernard, comme nos frères, nos compagnons, nos maîtres en sagesse ; Il serait temps avant que le changement climatique ne les contraignent, eux aussi, à émigrer !

« Ce que je sais de la science de Dieu et des Écritures,
je l’ai appris dans les bois et les champs,
Je n’ai pas d’autres maîtres que les hêtres et les chênes »

Saint Bernard

Marc Henry-Baudot
En collaboration étroite avec Michou,
Compagne du voyage