La Loi du désir

28 avril 2016

Le service de la paroisse « Promotion de la vie » propose cette réflexion

IVG

Dans son communiqué du 28 septembre dernier, le planning familial entérinait un intéressant changement de paradigme en décrivant l’avortement comme un «  événement de la vie sexuelle des femmes, au même titre que la contraception (…)  ». De figure d’exception, la dépénalisation de l’IVG en 1975 s’est muée en un droit subjectif, celui d’avoir une vie sexuelle sans encombre aux frais du contribuable. Le forfait d’une IVG médicamenteuse est de l’ordre de 263.00 € et varie entre 450 et 660 € dans le cas d’une IVG chirurgicale, selon qu’il est pratiqué dans un établissement public ou privé.
Les suppressions du délai de réflexion et de la notion de détresse nous avaient déjà habitués à l’idée que l’IVG n’est finalement qu’un acte chirurgical assez banal, passage obligé pour toute femme, idée renforcée par la campagne du Ministère de la Santé : «  l’IVG, c’est mon droit  », campagne doublée sur internet par un site déconseillant la consultation des sites pro-vie. Depuis le 1er avril, le remboursement des frais médicaux liés à l’IVG sont remboursés à 100 %, notamment les échographies, afin que le coût de ces actes ne soit pas un obstacle à l’avortement pour les femmes fragiles financièrement. En revanche, on notera que les échographies ne sont remboursées qu’à 70 % dans le cas d’une grossesse menée à son terme.
Il semblerait, hélas, que se faire retirer un embryon soit aujourd’hui mieux pris en charge que se faire arracher une dent.
Il ne faut donc pas s’étonner que les propos de Monseigneur AILLET, évêque de Bayonne : «  L’état prétend protéger les citoyens contre Daech et s’engage dans une campagne pro -IVG condamnant les innocents à la violence  » aient provoqué un tollé dans la majorité parlementaire et chez les libertaires  ; une humoriste sur une radio du service public allant jusqu’à dire «  qu’il y a des coups de batte qui se perdent  » (à l’encontre de Monseigneur Aillet et des opposants à l’avortement).
La liberté d’expression est -elle remise en cause  ? Ces réactions ont amené dans une tribune de l‘hebdomadaire Famille Chrétienne du 29janvier, les évêques de Saint Pierre et Fort de France, Fréjus Toulon, Bayonne, Tarbes et Lourdes, Avignon et Montauban, à déclarer : «  Dans notre pays, l’avortement est à présent si banalisé qu’il est difficile d’exprimer une opinion divergente  ».

Ainsi, que faut-il en déduire sur le statut de l’embryon  ?

Par ailleurs, l’enquête de l’ECLJ (European center for law and justice – Le Centre européen du droit et de la justice) révèle une pratique de plus en plus courante dans nos pays, mais largement méconnue du grand public : 10% des enfants avortés ou nés prématurément à partir de la 20e semaine naissent vivants.
Et lorsque cela arrive, l’enfant reçoit dans certains cas une injection létale ou est noyé ou encore abandonné dans une pièce à l’écart, le temps qu’il meure.
Nous voici ici confrontés aux conséquences extrêmes de l’avortement.
Juridiquement parlant, quel est l’impact de cette découverte de l’existence d’infanticides néonataux  ?
Cela met en cause un principe juridique bien établi selon lequel le droit à la vie ne commence qu’à la naissance et derrière lequel se sont réfugiés les pays qui ont toléré l’avortement. Or, dans ces cas-là, les enfants sont nés, ils respirent et sont même parfois viables. Certains ont vécu plus de 24 heures mais ils n’ont pas eu droit à la vie contrairement à ce qu’indique le principe juridique cité plus haut.

Avortement toujours : le Conseil de l’Europe s’élève contre les médecins italiens objecteurs de conscience, dans la pratique de l’avortement. Ils sont 80 % en Italie. Attention la prochaine étape est la remise en cause de l’objection de conscience pour le personnel médical. Petit à petit, l’idée fait son chemin.
En revanche, à rebours de la dérive actuelle, la législation italienne vient d’interdire la recherche sur l’embryon.
A savoir : Selon le département d’état américain, il y a 23 millions d’avortements (très souvent contraints) par an en Chine et ce, malgré l’assouplissement de la règle de l’enfant unique.

GPA, PMA : LA LOI DU DESIR

Un reportage effectué aux Etats-Unis, montre que 25.000 enfants adoptés et/ou fabriqués ad hoc par GPA sont remis "sur le marché" chaque année parce qu’ils ne conviennent plus à leurs futurs «  parents  ». Ce sont des enfants-kleenex, que l’on jette après usage. Notre pape François ne nous dit-il pas que nous développons une culture du déchet  ?
Le « droit à l’enfant » est devenu la norme et c’est l’intention d’être parent qui institue le lien de filiation. Nous arrivons à la notion admise de parents d’intention.
Pour concrétiser cette volonté et satisfaire les «  projets d’enfant  », des plateformes numériques proposant un catalogue d’enfants à adopter ou permettant de commander un enfant à faire fabriquer par une femme (GPA, gestation pour autrui) se développent.
Or, l’enfant étant un être humain avec des qualités mais aussi des défauts, il peut décevoir. L’enfant existe bien mais ne correspond plus au projet.
On remarque que les parents remettent les enfants à disposition lorsqu’ils cessent d’être « mignons », d’être le « prolongement » de leurs parents et qu’ils commencent à exister dans l’opposition.
Bref, le projet échoue quand l’enfant veut s’évader et que l’adulte doit admettre qu’il faut aimer l’enfant pour lui-même et non pas pour soi.
Il ne faut pas s’étonner que dans la pratique de marché qu’est la GPA, les enfants qui naissent avec une malformation soient rejetés par les « parents d’intention », puisqu’ils ne correspondent pas à leur projet. On assiste donc à la mise en place d’un marché secondaire.
Or, comme l’a dit le Tribunal fédéral suisse dans son arrêt du 15 septembre 2015, «  ce sont les droits fondamentaux de l’enfant qui sont atteints, car il a cessé d’être considéré comme une personne  ».
En France, un groupe de 130 médecins, et pas des moindres, a signé un manifeste, réclamant le droit de pratiquer la PMA (Procréation médicalement assistée) en proclamant tous ensemble qu’ils ont volontairement outrepassé la loi, dans le but de faire évoluer la morale commune. (Méthode déjà utilisée et qui avait porté ses fruits par le «  manifeste des 343 salopes  » pour faire admettre l’avortement il y a 40 ans). Ces provocateurs savent qu’ils ne risquent rien en vertu de leur célébrité.


 Ainsi la loi du désir, représente l’impératif moral unique. Il s’agit de permettre et de réaliser les désirs de l’individu. Aujourd’hui, le but est de persuader les mentalités que «  Tout ce qui va contre l’envie et le désir est injuste  » (Chantal Delsol), car contraire au sacrosaint principe d’égalité. ’Il faut donc y remédier par des lois à marche forcée. On est loin d’Aristote affirmant qu’  »il n’y a de pire injustice que de traiter également de choses inégales  » ou surtout de l’exhortation post-synodale du pape François, Amoris Laetitia : «  Le couple qui aime et procrée est la vraie «  sculpture  » vivante (non pas celle de pierre ou d’or que le Décalogue interdit), capable de manifester le Dieu créateur et sauveur. C’est pourquoi, l’amour fécond arrive à être le symbole des réalités intimes de Dieu (cf. Gn 1, 28  ; 9, 7  ; 17, 2- 5.16  ; 28, 3  ; 35, 11  ; 48, 3-5).
La joie de l’amour est l’inverse de la loi du désir.


Service Promotion de la Vie