Les feuilles mortes

6 novembre 2016

L’automne est bien là et ses belles couleurs annoncent la chute inéluctable de la plupart des feuillages, le moment où la nature semble se replier sur elle-même, à l’approche de l’hiver.

Nous aussi, quelque part, ressentons l’entrée dans un temps de dépouillement  : Perte des jours lumineux de l’été, de la joie insouciante des vacances, des voyages, et surtout de la recherche et de la contemplation de la nature, sous de multiples formes souvent liées à l’effort sur soi, challenge sportif, longues randonnées à pied, en vélo..  !

Novembre et ces derniers congés de la Toussaint n’échappent pas à une certaine nostalgie, à l’idée de la fin, de la mort de quelque chose  ?
Oui, contempler la nature, est une forme actuelle de la spiritualité et ne se fait pas sans profonde résonnance en nous-mêmes, et le temps de silence qui l’accompagne nous amène souvent à mieux percevoir les multiples faces du réel  ; Il n’est pas de mer sans tempête, pas de ciel sans orage et la terre elle-même, image et symbole de la stabilité, n’est pas sans trembler, comme ressenti récemment pendant un séjour en Italie.

«  Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus aux choses passées,
Voici que je vais faire du nouveau qui déjà paraît,
Ne l’apercevez-vous pas  ?

Isaie 43.18

Quelle nouveauté attendre alors  ? Et comment ne pas craindre ce qui risque de bouger, de changer, de nous être enlevé, de nous meurtrir  ?
A notre époque de rationalité et d’immédiateté, il n’est sans doute pas facile de le découvrir et il nous faut chercher dans les sagesses anciennes :
«  Qui cherche la Sagesse dès l’aurore n’aura pas à peiner,
Il la trouvera assise à sa porte
.  »
Sagesse 6.14

Cette nouveauté est en nous, à portée de mains et à portée de notre expérience :
Tu t’es enfui au désert avec les ailes du cœur,
Ce désert est perdu dans l’étendue de ton cœur,
Qu’est-ce qu’un tel désert  ? Les sept cieux sublimes
Sont comme une paume de main auprès de l’océan de ton cœur  !

Jala al Dîn Rûmi.

Nos mains, notre cœur sont assez forts pour traverser tel ou tel désert que nous rencontrons si nous acceptons de perdre, d’y laisser un peu de nous-mêmes, de prendre des risques, de croire en nos capacités et en celle des autres, de croire à la Vie.

«  Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il le coupe et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde pour qu’il en porte encore plus. Émondés, vous l’êtes déjà grâce à la parole que je vous ai annoncée". Jean 15.2

Le cycle des saisons et de la nature n’est pas étranger à notre nature humaine. Si nous savons regarder, écouter, il nous parle d’une vie qui se renouvelle mystérieusement à l’infini.

"Ce matin, au jardin, j’ai cueilli des roses,
Et je craignais d’être vu par le jardinier.
Je l’entendis me dire avec douceur :
Qu’est-ce que des fleurs  ? Je te donne tout le jardin
  »
Jala al Dîn Rûmi.

Marc Henry-Baudot
En collaboration étroite avec Michou
1/11/2016